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Hommage à une Petite Fille de Saint-Joseph - Soeur Marie-Ange Fournier

Notice biographique de Soeur Marie-Ange Fournier

 

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Notice biographique de Soeur Marie-Ange Fournier (Marie de la Trinité)
décédée le 21 juillet 2002

Comme toute personne est marquée profondément pour sa vie par son milieu et sa famille, permettez que je mentionne quelques faits en ce sens, dans ces notes biographiques de notre chère Soeur Marie-Ange Fournier.

La naissance de Soeur Marie-Ange est consignée au registre des baptêmes le 3 novembre 1903 à Grande-Vallée, village typique du nord de la Gaspésie. Son père Albert Savard était natif des Escoumins (Saguenay) et sa mère Delphine Caron de Grande Vallée (Gaspésie) où le couple s'est établi. Trois enfants naissent de cette union : Marie-Ange, Gertrude, et un garçon qui est décédé peu après sa naissance.

Naître à Grande-Vallée au début du 20e siècle, c'était entrer dans une vie simple, faite de renoncement et de remarquable ténacité, le tout appuyé sur une foi austère et sans détour. Ayant vu le jour dans un des plus beaux sites de la Province de Québec, Soeur Marie-Ange vivait continuellement d'émerveillement et cette caractéristique la suivit toute sa vie.

À l'âge de 27 ans, le 21 août 1930, elle épouse monsieur J. Roland Fournier, un petit-cousin de son village, et le couple vient s'établir à Oka. Huit enfants naissent de cette union dont sept sont encore vivants.

À l'arc-en-ciel de bonheur et de gloire qu'elle entrevoyait pour toujours, se mêlèrent des jours de ténèbres et de grandes purifications. Mais est-il un seul bonheur humain qui n'ait ses revers de tristesse et de souffrance ?

Le 24 octobre 1961, le premier anneau d'une chaîne de détachements se brise. Après 31 ans de vie maritale, madame Fournier perd subitement son mari; le chef de famille disparaît! C'est un tournant difficile qui lui demande une force extraordinaire. Comme elle le dit : " Trop petite pour porter cette peine immense ", elle s'en remet à Dieu et, malgré Ses incompréhensibles desseins, elle s'incline avec confiance en l'avenir. La messe quotidienne dont elle se fit un devoir, même quand elle élevait ses enfants, ainsi que la prière presque continuelle gardent son coeur dans la résignation, et même dans la joie. Le rosaire à la main ou dans le coeur (à la Mère Teresa), ce qui fut une des caractéristiques de sa vie, elle continue son pèlerinage terrestre avec courage. Par sa prière toujours plus intense, elle cultivera dorénavant une blonde moisson pour agrandir le Royaume de Dieu, en particulier, en priant pour la sanctification des prêtres de l'Église.

À 60 ans, retenue par le seul devoir d'aimer et de soutenir spirituellement ceux à qui elle a donné la vie, dame Marie-Ange ressent peu à peu le poids de la grâce qui fait son oeuvre et l'émerge au-dessus de la masse.

Femme hors du commun dans la foi, elle renonce à une vie mondaine et à l'avantage d'une existence plus libre pour les siens. En réponse à l'appel de son Dieu qui fut toujours le plus grand amour de sa vie (comme elle le dit un jour à son époux), elle obtiendra de la Providence d'être livrée à la principale respiration de son âme, la prière, et d'être soulagée des soucis quotidiens de l'administration.

Le 11 février 1964, Soeur Marie-Ange se donne librement au Seigneur pour toujours et entre chez les Petites Filles de Saint-Joseph, qu'elle voyait comme les anges du sacerdoce. Elle resserre les liens de mutuelle sympathie qui existaient depuis au-delà de trente ans, alors qu'elle visitait nos soeurs à notre maison de vacances près du paisible lac des Deux-Montagnes, ainsi que celles qui travaillaient au presbytère, et près de qui elle communiait dans la petite église de l'Annonciation d'Oka. Rien de surprenant que la nouvelle religieuse se sente bien accueillie et reçoive des égards et des sentiments d'admiration. Toutefois, l'on ne saura jamais ce qu'il lui en a coûté de laisser sa vie facile, ses enfants et petits-enfants, ses amis, ses villages d'Oka et de Grande-Vallée.

Également, il est probable qu'au cours de ses trente-huit années de vie religieuse, Soeur Marie-Ange fut obligée de réitérer sa donation dans le sacrifice avec un grand S et dans l'oubli d'elle-même. Toutefois, nous sommes convaincues, par expérience, que le Dieu-Amour, créateur de tout " Amour " est encore plus fort, plus fidèle et plus comblant que toutes nos attaches humaines.

Elle prit l'habit religieux, le 8 septembre 1964 et reçut le nom de Soeur Marie de la Trinité, ce qui veut dire que durant son existence elle porta les quatre noms suivants : Marie-Ange Savard, madame J. Roland Fournier, Soeur Marie de la Trinité et finalement Soeur Marie-Ange Fournier.

Dès le noviciat, elle démontra beaucoup d'affection pour les jeunes religieuses qu'elle considérait un peu comme ses filles, ce qui la gardait jeune de coeur. Toujours, elle se montrait optimiste, malgré les mauvais jours; elle se refusait à toute attitude négative, du moins en apparence, elle effaçait les bouts de chemin de croix qu'elle ne confiait qu'aux prêtres à qui elle avait fréquemment recours dans la plus grande confiance. En général, elle s'attardait surtout à savourer les bons souvenirs du passé avec la détermination absolue d'entretenir et de continuer à marcher à la poursuite de son grand idéal.

Pourtant d'une forte personnalité, elle n'a jamais désiré les postes de commandement; elle avait beaucoup de respect et d'obéissance envers l'autorité. Il faut dire que l'amour qu'elle leur démontrait, ajouté à sa diplomatie, faisaient qu'elle obtenait à peu près tout ce qu'elle désirait; c'était facile pour les supérieures, car elle était peu exigeante, surtout pour elle-même. Simple, elle avait un grand esprit de pauvreté et sa santé était excellente. Il faut dire que les supérieures ont toujours su doser son travail en tenant compte de son âge et de ses capacités. En retour, elle se montrait d'une continuelle reconnaissance envers la Communauté.

En récréation, on la recherchait pour sa jovialité et son don de fine conteuse. Excellente comédienne, elle se prêtait volontiers à jouer un rôle ou préparait elle-même des soirées récréatives à la grande satisfaction de ses compagnes.

Si elle était fière du rang qu'elle occupait avant son entrée en communauté, vu qu'elle était l'épouse d'un professeur en agronomie à l'École Supérieure de la Trappe d'Oka, et qu'elle-même avait enseigné durant 10 ans avant son mariage; de plus, qu'elle avait deux filles religieuses chez les Soeurs de la Congrégation de Notre-Dame dont l'une est missionnaire au Guatemala, et que tous ses enfants ont un bagage intellectuel fort enviable " noblesse oblige ", face à son Dieu, en orante prosternée qu'elle fut toujours, ses paroles et ses confidences nous laissaient croire qu'elle devait redire :

" Seigneur, je n'ai pas le coeur fier
ni le regard ambitieux.
Je ne poursuis ni grands desseins
ni merveilles qui me dépassent.

Non, mais je tiens mon âme
égale et silencieuse.
Mon âme est en moi comme un enfant
comme un petit enfant contre sa mère. "
" Ps 130 "

La liste des emplois confiés à Soeur Marie-Ange Fournier se résume ainsi :

  • 1966 aide à la confection du costume des religieuses
  • 1967 aide générale au presbytère de la paroisse Saint-Esprit de Rosemont
  • 1969 aide aux chambres à la Maison provinciale des Prêtres de Saint-Sulpice attenant à l'église Notre-Dame (responsable des fêtes récréatives)
  • 1978 réceptionniste à notre Maison mère, rédactrice du Journal de la Communauté
  • 1993 retraite
  • 1997 séjour définitif à l'infirmerie

Soeur Marie-Ange, qui était une personne plus intellectuelle que manuelle, crut préférable, en toute humilité et conscience, de refuser la pratique de la dactylographie qu'on lui a proposée dès ses premières années de vie religieuse. Dans les maisons où elle a oeuvré, elle accepte les humbles tâches qui lui sont confiées et se caractérise par un accueil gracieux et distingué, chaleureux, aimable et poli, ce qui lui attire l'estime de tous ceux qui la côtoient. Elle n'avait rien de la religieuse renfermée, c'était une bonne vivante qui prenait sa place. Du temps où elle faisait les chambres à Notre-Dame (4 heures par jour), elle a eu la simplicité admirable d'avouer : " Je fais la partie la plus facile et ma compagne (une laïque) la plus lourde ".

Poète-née, d'une plume épistolaire originale, Soeur Marie-Ange a rédigé le Journal de la Communauté durant de nombreuses années. Ses écrits laissaient transparaître ses états d'âme et décrivaient les beautés et les humeurs de la nature : les bourgeons qui s'annonçaient, les fleurs qui se balançaient au gré du vent, le verglas sur les arbres, tout se prêtait pour inspirer son crayon; enfin, elle décrivait très fidèlement les événements du jour. Les archives en furent rafraîchies...

Au cours de sa vie religieuse, elle a été préservée des souffrances physiques jusqu'à l'âge de 90 ans. À ce tournant, à cause de sa vue faiblissante, c'est à regret qu'elle se vit déchargée de son emploi de réceptionniste. Sept jours sur sept, elle était fidèle à ses quatre heures de travail, ayant secrètement au coeur l'espoir qu'en décrochant le récepteur, elle puisse entendre la voix d'un(e) de ses enfants. Si elle a toujours montré beaucoup d'amour et de reconnaissance à sa famille religieuse, surtout à cause de ses affinités spirituelles, il est compréhensible, et même évident, qu'elle était d'un attachement incomparable pour ses enfants; ses conversations étaient cousues d'anecdotes tirées de leur souvenir, ce qui lui a valu quelques petites remarques; pourtant c'était des plus légitime, les enfants ne sont-ils pas une partie d'une mère.

Une fois retraitée, elle put désormais se consacrer davantage à la prière et implorer le ciel, à la mesure de son coeur, en égrenant des chapelets. Au pied du tabernacle, en orante toujours plus courbée dans la prière, elle fait d'incessantes confidences à Jésus et Lui recommande beaucoup de besoins pour les siens, l'Église et sa Communauté.

Depuis près de quatre ans, Soeur Marie-Ange était alitée et vivait des journées longues et silencieuses. Si volubile au cours de sa vie, elle ne dit plus que quelques mots et cela occasionnellement.

Comme dernière purification, sa conscience qui a toujours été des plus délicates, vit la peur de sa fin dernière et des désillusions semblent l'accabler. Vu que nous savons qu'elle a toujours recherché Dieu avant tout, son mutisme qui nous semblait en partie volontaire, nous laisse entendre que son espoir n'était qu'en Dieu; d'autant plus qu'elle a exprimé, quelque temps auparavant, que les seules paroles qu'elle désirait étaient la prière auprès de son lit; par signe, elle nous montrait sa reconnaissance.

Tout au cours de sa vie religieuse, la radio et la télévision étaient presque inexistantes, elle préférait la visite de ses enfants, et avec ses soeurs, la conversation et le récit inépuisable de ses souvenirs d'antan.

Comment nous imaginer le degré de sainteté de cette religieuse hors de l'ordinaire ? Nous laissons à la bonté et à la sagesse de Dieu de l'évaluer... Si notre soeur manifestait parfois quelques petits défauts, comme un peu de sévérité (relent de l'éducation de son enfance), même envers ses enfants qu'elle aurait voulu tous exceptionnels, de la promptitude et quelques petites antipathies mal dissimulées, sa bonté et son esprit de foi savaient les atténuer et les faire oublier.

À compter du 10 juillet, elle ne s'alimente plus et faiblit graduellement, elle reçoit donc pour la dernière fois l'Onction des malades. Le 19 juillet, les religieuses se réunissent pour réciter en commun la prière des agonisants et à compter de ce moment, elles se succèdent à son chevet pour l'accompagner et prier. Le 20 juillet, ses enfants passent une partie de la journée auprès d'elle; à compter de ce moment, l'état de la malade se maintient régulier jusqu'au lendemain le 21 juillet 2002 à 16h40, alors que sa résistance a flanché très rapidement. Une infirmière était auprès d'elle pour lui prodiguer des soins, et c'est alors qu'elle expira doucement dans les bras de son Dieu. Elle avait 98 ans et 8 mois dont 38 ans de vie religieuse. Immédiatement, la communauté de la Maison mère s'est réunie pour les dernières prières présidées par la Supérieure générale.

Le 26 juillet, à 14h00, en la fête de sainte Anne qui fut mère et grand-mère, les funérailles de Soeur Marie-Ange, également mère et grand-mère, et religieuse, ont lieu à notre Maison mère. La cérémonie funèbre fait davantage penser à un moment de glorification qu'à un jour de deuil, ce qui traduit ces paroles retrouvées dans une de ses lettres : " Pourquoi vous appliquer à la tristesse puisque ce départ n'est qu'une arrivée. "

Les funérailles sont présidées par monsieur le Chanoine Roger Laniel, aumônier de l'hôpital de Suroît de Valleyfield, ami de la famille. Quinze prêtres concélèbrent, dont huit de la Compagnie de Saint-Sulpice. Ses sept enfants et une centaine de parents, religieuses, amis et connaissances s'unissent à notre Communauté ainsi que quelques associés et infirmières de notre infirmerie.

À la fin de la cérémonie, trois témoignages sont brillamment rendus. D'abord, par Antoine, un arrière-petit-fils, qui garde un bon souvenir des contes de sa grand-mère; puis par Guy, l'aîné de ses deux fils qui a relaté l'appel et la vie religieuse de sa mère; et enfin, par Jacques, qui a décrit sa vie d'épouse et de mère.

Le Salve Regina qui clôt cette liturgie implore la miséricorde de Dieu, mais davantage Le loue pour ses magnificences à l'égard de notre chère défunte, Soeur Marie-Ange Fournier.

Au moment de son départ de la Maison mère, un dernier hommage est chanté, en espagnol, par huit religieuses missionnaires des Soeurs de la Congrégation de Notre-Dame.

Fait suite, l'inhumation au cimetière de la Congrégation à Cap Saint-Jacques, en compagnie de nombreuses personnes qui, par la suite, se sont réunies à la Maison mère pour un goûter familial.

Ensemble,
nous partageons la certitude
que l'affection de chère soeur Marie-Ange nous suit de là-haut
et que sa prière nous reste fidèle.

Qu'elle repose dans la paix !

Soeur Antonia Lacoste, p.f.s.j.
Secrétaire générale


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